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Anta et Mamadou
L'histoire
Là vivait un savant qui enseignait aux enfants. Mamadou resta auprès de son maître aussi longtemps que nécessaire. Quand il sut lire et écrire parfaitement, il décida de rentrer chez lui.
Le jour de son départ, un camarade de classe, qui appartenait à l'espèce des génies, lui dit : « Nous sommes amis. Puisque tu t'en retournes chez toi, je vais te charger d'un message pour mes parents et je te transporterai dans ton village à la vitesse de l'éclair. Tu ne sais pas qui je suis, mais moi je te connais bien, car nous sommes nés au même endroit. Nous autres, les génies, nous vous reconnaissons très bien mais vous, les humains, vous ne pouvez pas nous apercevoir. Quand tu seras chez toi, mets à ton doigt cette bague d'argent, et tu pourras voir les génies et leurs villages. Si tu l'ôtes ou si tu la perds, tout disparaîtra de nouveau. »
Le génie demanda ensuite à Mamadou de s'asseoir sur son tapis et de fermer les yeux. À peine Mamadou avait-il obéi qu'il se retrouva, comme par magie, dans son village.
Le génie demanda ensuite à Mamadou de s'asseoir sur son tapis et de fermer les yeux. À peine Mamadou avait-il obéi qu'il se retrouva, comme par magie, dans son village.
Le lendemain matin, Mamadou passa la bague à son doigt. Il aperçut alors tous les génies et leurs villages. Il alla rendre visite à la famille de son camarade.
« Le génie, votre parent, vous envoie le bonjour, leur dit-il.
— Et où est-il, notre cher enfant ? lui demanda-t-on.
— Je l'ai laissé dans un village du Kayor. Il continue de fréquenter l'école.
— Ah, s'écrièrent les parents, notre brave petit se conduit bien ! Et toi, Mamadou, il faut que tu t'en retournes chez toi, mais, chaque fois que tu auras du temps libre, ne manque pas de venir nous voir. »
— Et où est-il, notre cher enfant ? lui demanda-t-on.
— Je l'ai laissé dans un village du Kayor. Il continue de fréquenter l'école.
— Ah, s'écrièrent les parents, notre brave petit se conduit bien ! Et toi, Mamadou, il faut que tu t'en retournes chez toi, mais, chaque fois que tu auras du temps libre, ne manque pas de venir nous voir. »
Mamadou s'en retourna chez ses parents, mais, chaque fois qu'il en avait l'occasion, il rendait de longues visites aux génies. C'est qu'il avait vu la sœur de son camarade, Anta, une jolie demoiselle, et qu'il désirait l'épouser.
Lorsqu'il lui fit sa déclaration, Anta répondit : « Je ne demande pas mieux ! Pourtant, j'hésite à me marier avec un être humain… Vous êtes si coléreux ! Et si bavards ! Et vous mentez si facilement ! Chez nous, il n'en va pas de même : jamais un génie ne s'emporte, jamais il ne trahit un secret ; il ne parle que pour dire la vérité. »
Mamadou protesta :
« Quand nous serons mariés, tu verras que, moi non plus, je ne m'emporte pas et que jamais je ne mens !
— S'il en est ainsi, le mariage est conclu ! Je t'accepte pour mari. Mais je te défends de révéler à quiconque que tu as épousé une femme de l'espèce des génies !
— C'est entendu ! promit Mamadou.
— Eh bien, déclara Anta, nous pouvons célébrer notre mariage. »
« Quand nous serons mariés, tu verras que, moi non plus, je ne m'emporte pas et que jamais je ne mens !
— S'il en est ainsi, le mariage est conclu ! Je t'accepte pour mari. Mais je te défends de révéler à quiconque que tu as épousé une femme de l'espèce des génies !
— C'est entendu ! promit Mamadou.
— Eh bien, déclara Anta, nous pouvons célébrer notre mariage. »
Depuis, Anta et Mamadou vivaient heureux.
Mais un jour qu'Anta avait quitté à l'aube le village pour se rendre dans sa famille, Mamadou se réveilla pour constater que, pendant la nuit, son grenier de mil avait pris feu, son pur-sang était mort, et son puissant taureau était tombé au fond du puits. Mamadou, et toute sa famille avec lui, était désespéré.
Anta revint en fin de journée. En s'approchant de la case de son mari, elle entendit la mère de celui-ci se lamenter : « En un seul jour, voilà ton grenier de mil dévoré par les flammes ! Ton cheval de race meurt ! Puis c'est ton grand taureau – un taureau de cinq ans ! – qui périt aussi ! Cette maison va être ruinée dans peu de temps ! Cela devait arriver ! C'est la conséquence de ton mariage avec une femme de l'espèce des génies ! » À ces paroles, Anta décida de retourner dans sa famille. Mais avant de disparaître, elle suivit Mamadou jusqu'aux champs et, lorsqu'il s'endormit pour la sieste, elle lui ôta sa bague d'argent.
À son réveil, Mamadou ne pouvait plus apercevoir les génies ni leurs villages. Il essaya de suivre le chemin qui menait chez Anta, en vain. Le village avait disparu.
Un beau jour, Anta revint dans le village de Mamadou. Elle trouva celui-ci endormi, et le réveilla. Il s'écria :
« Anta ? ! D'où viens-tu ?
— Je viens de mon village.
— Ce n'est pas vrai ! Vous l'avez tous quitté !
— Non. Nous l'habitons toujours.
— Alors pourquoi ne vivons-nous plus comme autrefois ?
— C'est qu'à présent notre mariage est rompu de par ma volonté !
— Pourquoi l'as-tu rompu ?
— Parce que tu n'as pas tenu ta promesse ! Quand tu m'as demandé de devenir ta femme, ne t'ai-je pas déclaré qu'il me serait difficile de le rester parce que, vous autres humains, vous vous emportez, vous mentez et vous bavardez à tort et à travers ?
— Et quand donc me suis-je emporté ? En quoi ai-je menti ? Pourquoi dis-tu que j'ai été bavard ?
— Tu as eu la langue trop pendue.
— Mais à quel propos ? Dis-le-moi enfin !
— Souviens-toi du jour où ton grenier de mil fut consumé, où ton cheval est mort et ton grand taureau est tombé dans le puits. Tout cela, je ne l'ignorais pas ! Mais je suis partie pour ne plus revenir, car j'ai entendu ta mère se plaindre de moi, ce qui est la preuve que tu lui as révélé notre secret et que tu as trahi ta promesse. Je vais te raconter ce qui s'est réellement passé : j'étais restée près de toi jusqu'à l'aube. Azraël, l'ange de la mort aux bras parsemés d'yeux et portant un arbre sur la tête, est venu. Il voulait s'emparer de toi. Je l'ai repoussé et rejeté sur ton grenier de mil, qui a brûlé. Il a essayé alors d'emporter ta mère. Je l'ai jeté sur le cheval, qui s'est effondré sous son poids. Il s'est néanmoins entêté à rester, prêt à se venger sur ta sœur. Et moi, une troisième fois, je l'ai combattu et repoussé. Il est tombé sur le taureau, qui mourut en basculant dans le puits. Si je t'avais laissé mourir, ainsi que ta mère et ta sœur, que serait devenue ta maison ? Elle aurait été perdue ! Et si vous êtes tous encore en vie, ce fut grâce à l'incendie du grenier de mil, à la mort du cheval et à celle du taureau ! Ne vaut-il pas mieux que les choses se soient passées ainsi ? Tu m'as trahie, mais avant de te quitter pour toujours, je devais te révéler la vérité. »
Et Anta s'en alla.
« Anta ? ! D'où viens-tu ?
— Je viens de mon village.
— Ce n'est pas vrai ! Vous l'avez tous quitté !
— Non. Nous l'habitons toujours.
— Alors pourquoi ne vivons-nous plus comme autrefois ?
— C'est qu'à présent notre mariage est rompu de par ma volonté !
— Pourquoi l'as-tu rompu ?
— Parce que tu n'as pas tenu ta promesse ! Quand tu m'as demandé de devenir ta femme, ne t'ai-je pas déclaré qu'il me serait difficile de le rester parce que, vous autres humains, vous vous emportez, vous mentez et vous bavardez à tort et à travers ?
— Et quand donc me suis-je emporté ? En quoi ai-je menti ? Pourquoi dis-tu que j'ai été bavard ?
— Tu as eu la langue trop pendue.
— Mais à quel propos ? Dis-le-moi enfin !
— Souviens-toi du jour où ton grenier de mil fut consumé, où ton cheval est mort et ton grand taureau est tombé dans le puits. Tout cela, je ne l'ignorais pas ! Mais je suis partie pour ne plus revenir, car j'ai entendu ta mère se plaindre de moi, ce qui est la preuve que tu lui as révélé notre secret et que tu as trahi ta promesse. Je vais te raconter ce qui s'est réellement passé : j'étais restée près de toi jusqu'à l'aube. Azraël, l'ange de la mort aux bras parsemés d'yeux et portant un arbre sur la tête, est venu. Il voulait s'emparer de toi. Je l'ai repoussé et rejeté sur ton grenier de mil, qui a brûlé. Il a essayé alors d'emporter ta mère. Je l'ai jeté sur le cheval, qui s'est effondré sous son poids. Il s'est néanmoins entêté à rester, prêt à se venger sur ta sœur. Et moi, une troisième fois, je l'ai combattu et repoussé. Il est tombé sur le taureau, qui mourut en basculant dans le puits. Si je t'avais laissé mourir, ainsi que ta mère et ta sœur, que serait devenue ta maison ? Elle aurait été perdue ! Et si vous êtes tous encore en vie, ce fut grâce à l'incendie du grenier de mil, à la mort du cheval et à celle du taureau ! Ne vaut-il pas mieux que les choses se soient passées ainsi ? Tu m'as trahie, mais avant de te quitter pour toujours, je devais te révéler la vérité. »
Et Anta s'en alla.
Jamais Mamadou ne la revit.
Collectif, Contes d'Afrique, ill. Thomas Tessier, rue des enfants
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Le Sénégal
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Salutations
Lorsqu'on dit « Salaam aleikoum ! », il faut répondre : « Aleikoum asalaam ! » C'est ainsi que les Sénégalais se saluent. Ils se demandent ensuite comment ça va, comment vont la famille, la santé, les récoltes, ou encore, si le voyage s'est bien passé… C'est une habitude. En général, ils répondent que « tout va bien » !
Lorsqu'on dit « Salaam aleikoum ! », il faut répondre : « Aleikoum asalaam ! » C'est ainsi que les Sénégalais se saluent. Ils se demandent ensuite comment ça va, comment vont la famille, la santé, les récoltes, ou encore, si le voyage s'est bien passé… C'est une habitude. En général, ils répondent que « tout va bien » !
Musique !
La reine des musiques sénégalaises est le mbalax. Sur des rythmes endiablés des tambours, difficile de tenir en place ! Des tout-petits aux grands-mères : tout le monde se met à danser, le sourire jusqu'aux oreilles !
La reine des musiques sénégalaises est le mbalax. Sur des rythmes endiablés des tambours, difficile de tenir en place ! Des tout-petits aux grands-mères : tout le monde se met à danser, le sourire jusqu'aux oreilles !
Bonne pêche
En fin d'après-midi, les villageois arrivent par dizaines sur les plages de Yoff. Pas question de rater le retour des pêcheurs ! À peine sorties des grosses vagues, les barques sont entourées par la foule. Chacun veut les plus beaux poissons. En quelques minutes, un marché s'improvise : une vraie pagaille ! Les enfants en profitent pour jouer au football… tandis que les chèvres se lèchent les babines en attendant les restes.
En fin d'après-midi, les villageois arrivent par dizaines sur les plages de Yoff. Pas question de rater le retour des pêcheurs ! À peine sorties des grosses vagues, les barques sont entourées par la foule. Chacun veut les plus beaux poissons. En quelques minutes, un marché s'improvise : une vraie pagaille ! Les enfants en profitent pour jouer au football… tandis que les chèvres se lèchent les babines en attendant les restes.
Le jeu
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Là vivait un savant qui enseignait aux enfants. Mamadou resta auprès de son maître aussi longtemps que nécessaire. Quand il sut lire et écrire parfaitement, il décida de rentrer chez lui.
Le jour de son départ, un camarade de classe, qui appartenait à l'espèce des génies, lui dit : « Nous sommes amis. Puisque tu t'en retournes chez toi, je vais te charger d'un message pour mes parents et je te transporterai dans ton village à la vitesse de l'éclair. Tu ne sais pas qui je suis, mais moi je te connais bien, car nous sommes nés au même endroit. Nous autres, les génies, nous vous reconnaissons très bien mais vous, les humains, vous ne pouvez pas nous apercevoir. Quand tu seras chez toi, mets à ton doigt cette bague d'argent, et tu pourras voir les génies et leurs villages. Si tu l'ôtes ou si tu la perds, tout disparaîtra de nouveau. »
Le génie demanda ensuite à Mamadou de s'asseoir sur son tapis et de fermer les yeux. À peine Mamadou avait-il obéi qu'il se retrouva, comme par magie, dans son village.
Le génie demanda ensuite à Mamadou de s'asseoir sur son tapis et de fermer les yeux. À peine Mamadou avait-il obéi qu'il se retrouva, comme par magie, dans son village.
Le lendemain matin, Mamadou passa la bague à son doigt. Il aperçut alors tous les génies et leurs villages. Il alla rendre visite à la famille de son camarade.
« Le génie, votre parent, vous envoie le bonjour, leur dit-il.
— Et où est-il, notre cher enfant ? lui demanda-t-on.
— Je l'ai laissé dans un village du Kayor. Il continue de fréquenter l'école.
— Ah, s'écrièrent les parents, notre brave petit se conduit bien ! Et toi, Mamadou, il faut que tu t'en retournes chez toi, mais, chaque fois que tu auras du temps libre, ne manque pas de venir nous voir. »
— Et où est-il, notre cher enfant ? lui demanda-t-on.
— Je l'ai laissé dans un village du Kayor. Il continue de fréquenter l'école.
— Ah, s'écrièrent les parents, notre brave petit se conduit bien ! Et toi, Mamadou, il faut que tu t'en retournes chez toi, mais, chaque fois que tu auras du temps libre, ne manque pas de venir nous voir. »
Mamadou s'en retourna chez ses parents, mais, chaque fois qu'il en avait l'occasion, il rendait de longues visites aux génies. C'est qu'il avait vu la sœur de son camarade, Anta, une jolie demoiselle, et qu'il désirait l'épouser.
Lorsqu'il lui fit sa déclaration, Anta répondit : « Je ne demande pas mieux ! Pourtant, j'hésite à me marier avec un être humain… Vous êtes si coléreux ! Et si bavards ! Et vous mentez si facilement ! Chez nous, il n'en va pas de même : jamais un génie ne s'emporte, jamais il ne trahit un secret ; il ne parle que pour dire la vérité. »
Mamadou protesta :
« Quand nous serons mariés, tu verras que, moi non plus, je ne m'emporte pas et que jamais je ne mens !
— S'il en est ainsi, le mariage est conclu ! Je t'accepte pour mari. Mais je te défends de révéler à quiconque que tu as épousé une femme de l'espèce des génies !
— C'est entendu ! promit Mamadou.
— Eh bien, déclara Anta, nous pouvons célébrer notre mariage. »
« Quand nous serons mariés, tu verras que, moi non plus, je ne m'emporte pas et que jamais je ne mens !
— S'il en est ainsi, le mariage est conclu ! Je t'accepte pour mari. Mais je te défends de révéler à quiconque que tu as épousé une femme de l'espèce des génies !
— C'est entendu ! promit Mamadou.
— Eh bien, déclara Anta, nous pouvons célébrer notre mariage. »
Depuis, Anta et Mamadou vivaient heureux.
Mais un jour qu'Anta avait quitté à l'aube le village pour se rendre dans sa famille, Mamadou se réveilla pour constater que, pendant la nuit, son grenier de mil avait pris feu, son pur-sang était mort, et son puissant taureau était tombé au fond du puits. Mamadou, et toute sa famille avec lui, était désespéré.
Anta revint en fin de journée. En s'approchant de la case de son mari, elle entendit la mère de celui-ci se lamenter : « En un seul jour, voilà ton grenier de mil dévoré par les flammes ! Ton cheval de race meurt ! Puis c'est ton grand taureau – un taureau de cinq ans ! – qui périt aussi ! Cette maison va être ruinée dans peu de temps ! Cela devait arriver ! C'est la conséquence de ton mariage avec une femme de l'espèce des génies ! » À ces paroles, Anta décida de retourner dans sa famille. Mais avant de disparaître, elle suivit Mamadou jusqu'aux champs et, lorsqu'il s'endormit pour la sieste, elle lui ôta sa bague d'argent.
À son réveil, Mamadou ne pouvait plus apercevoir les génies ni leurs villages. Il essaya de suivre le chemin qui menait chez Anta, en vain. Le village avait disparu.
Un beau jour, Anta revint dans le village de Mamadou. Elle trouva celui-ci endormi, et le réveilla. Il s'écria :
« Anta ? ! D'où viens-tu ?
— Je viens de mon village.
— Ce n'est pas vrai ! Vous l'avez tous quitté !
— Non. Nous l'habitons toujours.
— Alors pourquoi ne vivons-nous plus comme autrefois ?
— C'est qu'à présent notre mariage est rompu de par ma volonté !
— Pourquoi l'as-tu rompu ?
— Parce que tu n'as pas tenu ta promesse ! Quand tu m'as demandé de devenir ta femme, ne t'ai-je pas déclaré qu'il me serait difficile de le rester parce que, vous autres humains, vous vous emportez, vous mentez et vous bavardez à tort et à travers ?
— Et quand donc me suis-je emporté ? En quoi ai-je menti ? Pourquoi dis-tu que j'ai été bavard ?
— Tu as eu la langue trop pendue.
— Mais à quel propos ? Dis-le-moi enfin !
— Souviens-toi du jour où ton grenier de mil fut consumé, où ton cheval est mort et ton grand taureau est tombé dans le puits. Tout cela, je ne l'ignorais pas ! Mais je suis partie pour ne plus revenir, car j'ai entendu ta mère se plaindre de moi, ce qui est la preuve que tu lui as révélé notre secret et que tu as trahi ta promesse. Je vais te raconter ce qui s'est réellement passé : j'étais restée près de toi jusqu'à l'aube. Azraël, l'ange de la mort aux bras parsemés d'yeux et portant un arbre sur la tête, est venu. Il voulait s'emparer de toi. Je l'ai repoussé et rejeté sur ton grenier de mil, qui a brûlé. Il a essayé alors d'emporter ta mère. Je l'ai jeté sur le cheval, qui s'est effondré sous son poids. Il s'est néanmoins entêté à rester, prêt à se venger sur ta sœur. Et moi, une troisième fois, je l'ai combattu et repoussé. Il est tombé sur le taureau, qui mourut en basculant dans le puits. Si je t'avais laissé mourir, ainsi que ta mère et ta sœur, que serait devenue ta maison ? Elle aurait été perdue ! Et si vous êtes tous encore en vie, ce fut grâce à l'incendie du grenier de mil, à la mort du cheval et à celle du taureau ! Ne vaut-il pas mieux que les choses se soient passées ainsi ? Tu m'as trahie, mais avant de te quitter pour toujours, je devais te révéler la vérité. »
Et Anta s'en alla.
« Anta ? ! D'où viens-tu ?
— Je viens de mon village.
— Ce n'est pas vrai ! Vous l'avez tous quitté !
— Non. Nous l'habitons toujours.
— Alors pourquoi ne vivons-nous plus comme autrefois ?
— C'est qu'à présent notre mariage est rompu de par ma volonté !
— Pourquoi l'as-tu rompu ?
— Parce que tu n'as pas tenu ta promesse ! Quand tu m'as demandé de devenir ta femme, ne t'ai-je pas déclaré qu'il me serait difficile de le rester parce que, vous autres humains, vous vous emportez, vous mentez et vous bavardez à tort et à travers ?
— Et quand donc me suis-je emporté ? En quoi ai-je menti ? Pourquoi dis-tu que j'ai été bavard ?
— Tu as eu la langue trop pendue.
— Mais à quel propos ? Dis-le-moi enfin !
— Souviens-toi du jour où ton grenier de mil fut consumé, où ton cheval est mort et ton grand taureau est tombé dans le puits. Tout cela, je ne l'ignorais pas ! Mais je suis partie pour ne plus revenir, car j'ai entendu ta mère se plaindre de moi, ce qui est la preuve que tu lui as révélé notre secret et que tu as trahi ta promesse. Je vais te raconter ce qui s'est réellement passé : j'étais restée près de toi jusqu'à l'aube. Azraël, l'ange de la mort aux bras parsemés d'yeux et portant un arbre sur la tête, est venu. Il voulait s'emparer de toi. Je l'ai repoussé et rejeté sur ton grenier de mil, qui a brûlé. Il a essayé alors d'emporter ta mère. Je l'ai jeté sur le cheval, qui s'est effondré sous son poids. Il s'est néanmoins entêté à rester, prêt à se venger sur ta sœur. Et moi, une troisième fois, je l'ai combattu et repoussé. Il est tombé sur le taureau, qui mourut en basculant dans le puits. Si je t'avais laissé mourir, ainsi que ta mère et ta sœur, que serait devenue ta maison ? Elle aurait été perdue ! Et si vous êtes tous encore en vie, ce fut grâce à l'incendie du grenier de mil, à la mort du cheval et à celle du taureau ! Ne vaut-il pas mieux que les choses se soient passées ainsi ? Tu m'as trahie, mais avant de te quitter pour toujours, je devais te révéler la vérité. »
Et Anta s'en alla.
Jamais Mamadou ne la revit.