Un jour, le père partit dans la montagne avec ses fils pour chasser la perdrix. La chance ne leur avait pas vraiment souri, mais ils purent tout de même accrocher quelques oiseaux à leur ceinture. Fatigués après une longue marche, ils s'assirent dans un pré pour se reposer. Les garçons s'assoupirent mais leur père resta éveillé. Soudain, il vit une pierre bouger, puis basculer. Une route apparut alors et sur celle-ci marchait une petite fille. « Dieu miséricordieux ! C'est ma fille ! » se dit le père. Il était près de l'appeler, lorsqu'il se ravisa, persuadé qu'il devait y avoir quelque magie là-dessous.
La petite fille agissait comme si elle ne voyait ni son père ni ses frères. Elle s'assit dans l'herbe et se mit à jouer avec la poupée confectionnée par sa maman et avec des cailloux. Quelques instants plus tard, une voix venue des profondeurs de la Terre se fit entendre : « Rentre à la maison, ma petite fille, le déjeuner est servi ! » Quand il l'entendit, l'homme fit rapidement un signe de croix, car il avait reconnu la voix de sa femme ! La petite fille prit alors ses jouets et rentra sous terre. La pierre se remit aussitôt en place et tout redevint comme avant. Le père réveilla alors ses fils, leur raconta tout ce qu'il avait vu et leur dit : « Demain, à midi, nous reviendrons ici et si votre sœur réapparaît, nous l'attraperons et l'emporterons à la maison ! » Ils décidèrent de ne rien dire à leur retour, pour le moment, afin que la mère ne se désespère pas si, par malheur, ils n'arrivaient pas à arracher l'enfant au pouvoir maléfique. Le lendemain, ils se rendirent à nouveau dans le pré, se cachèrent derrière les pierres et attendirent. Soudain, l'une des pierres bougea, puis bascula, laissant apparaître un chemin. La petite fille s'installa et se mit à jouer avec sa poupée et ses cailloux. Le père et les frères s'approchèrent d'elle sans faire de bruit et l'attrapèrent par les bras et par les jambes. La petite fille se mit à crier et à appeler comme si on l'écorchait vive, car elle n'avait reconnu ni ses frères ni son père : « Maman, maman ! Viens à mon secours ! » Capusa sortit des entrailles de la Terre sous l'aspect de sa vraie mère. La ressemblance était telle que l'homme en resta comme pétrifié. « Que fais-tu là ? » laissa-t-il échapper. Il faillit lâcher sa petite fille, quand le vent, qui se mit à souffler, souleva la jupe de la femme. Apercevant les pattes de vautour de Capusa, ils comprirent tous alors à qui ils avaient affaire. « Sainte Vierge, protège-nous ! » s'écria le père en faisant un signe de croix. Ses fils firent de même et le fantôme perdit aussitôt son pouvoir. Il resta près de la pierre incapable de prononcer un mot. Le père prit la petite fille dans ses bras et se mit à courir en dévalant la pente. Mais la petite fille ne cessait pas de pleurer et continuait à répéter : « Maman, maman ! Viens à mon secours ! » Ils pensèrent que, dès qu'elle verrait sa vraie mère, la maison, le jardin, la petite fille retrouverait la mémoire. Mais elle était ensorcelée et ne reconnaissait rien de ce qui avait bercé son enfance.