Le petit chacal était un animal très
rusé mais, malheureusement, il n'en profitait pas seulement pour se défendre, il aimait aussi
berner les gens. Hélas ! Si on apprend vite que l'on peut être très rusé, on trouve toujours quelqu'un de plus rusé encore. Et c'est ce qui arriva au petit chacal.
Le chacal aimait beaucoup les coquillages et les crabes. Quand il eut mangé tous ceux qui se trouvaient du côté du fleuve où il vivait, il se dit qu'il devait y en avoir beaucoup sur l'autre rive. Mais le fleuve était trop large, et le courant trop fort pour qu'il puisse traverser à la nage. Il y songea longtemps, et, un jour, il alla trouver son camarade le chameau.
« Frère chameau, dit-il, je connais un endroit où il y a de fameuses cannes à sucre, je te le montrerai si tu veux m'y porter.
— De bon cœur, dit le chameau qui aimait beaucoup les cannes à sucre. Où est-ce ?
— Oh ! de l'autre côté de la rivière, dit le petit chacal, mais, si je monte sur ton dos, nous y arriverons facilement. »
Le chameau ne demandait pas mieux. Le petit chacal grimpa sur son dos, entre les deux bosses, et le chameau traversa la rivière à la nage. Quand ils furent sur le bord, le petit chacal sauta à terre, indiqua au chameau le champ de cannes à sucre et courut vers la rivière pour chercher des crabes, pendant que le chameau se régalait sans penser à rien.
Le petit chacal fut rassasié avant que le chameau eût seulement mâché trois cannes à sucre. Petit père chacal n'avait pas la moindre envie d'attendre que son camarade eût fini et il se mit à courir tout autour du champ en
glapissant et en faisant un grand bruit. Les villageois l'entendirent tout de suite.