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Le Tigre, le Brahmine et le Chacal
L'histoire
« Frère brahmine, frère brahmine, dit le tigre, ouvre la porte et laisse-moi sortir un peu pour aller boire. J'ai tellement soif, et il n'y a pas d'eau dans ma cage.
— Mais, frère tigre, dit le brahmine, si j'ouvre la porte, tu me sauteras dessus et tu me mangeras ?
— Que vas-tu penser là ? demanda le tigre. Jamais de la vie je ne ferais une chose pareille ! Fais-moi sortir juste une petite minute, pour chercher une goutte d'eau, frère brahmine ! »
Le brahmine ouvrit la porte de la cage et laissa sortir le tigre, mais, dès que celui-ci fut dehors, il sauta sur le brahmine pour le manger. « Frère tigre, dit le pauvre brahmine, tu m'as promis de ne pas me manger, ce que tu fais là n'est ni honnête ni juste !
— Au contraire, c'est tout à fait honnête et juste, dit le tigre, et quand bien même il en serait autrement, ça m'est égal. Je vais te manger. » Mais le brahmine supplia tellement le tigre que celui-ci finit par consentir à attendre jusqu'à ce qu'ils eussent consulté les cinq premières personnes qu'ils rencontreraient.
La première chose qu'ils virent sur le bord du chemin fut un grand figuier banian.
« Frère banian, dit le brahmine, est-il juste et honnête que le tigre veuille me manger après que je l'ai fait sortir de sa cage ? » Le figuier banian les regarda, et dit d'une voix lasse : « Pendant l'été, quand le soleil est brûlant, les hommes viennent s'abriter à mon ombre et se rafraîchissent avec mes fruits mais, quand le soir vient et qu'ils sont reposés, ils cassent mes branches et éparpillent mes feuilles. L'homme est une race ingrate. Que le tigre mange le brahmine. »
Le tigre sauta sur le brahmine, mais celui-ci cria : « Pas encore ! pas encore ! Nous n'en avons vu qu'un ! Il y en a encore quatre à consulter. »
« Frère banian, dit le brahmine, est-il juste et honnête que le tigre veuille me manger après que je l'ai fait sortir de sa cage ? » Le figuier banian les regarda, et dit d'une voix lasse : « Pendant l'été, quand le soleil est brûlant, les hommes viennent s'abriter à mon ombre et se rafraîchissent avec mes fruits mais, quand le soir vient et qu'ils sont reposés, ils cassent mes branches et éparpillent mes feuilles. L'homme est une race ingrate. Que le tigre mange le brahmine. »
Le tigre sauta sur le brahmine, mais celui-ci cria : « Pas encore ! pas encore ! Nous n'en avons vu qu'un ! Il y en a encore quatre à consulter. »
Un peu plus loin, ils virent un buffle couché en travers du chemin. Le brahmine s'arrêta et lui dit : « Frère buffle, oh ! frère buffle, est-ce qu'il te semble honnête et juste que ce tigre veuille me manger, quand je viens juste de le faire sortir de sa cage ? » Le buffle les regarda, et dit d'une voix basse et profonde : « Quand j'étais jeune et fort, mon maître me faisait travailler dur, et je le servais bien. Je portais de lourds fardeaux, et je traînais de grandes charrettes. Maintenant que je suis vieux et faible, il me laisse sans eau et sans nourriture pour que je meure sur le chemin. Les hommes sont ingrats. Que le tigre mange le brahmine. »
Le tigre fit un bond, mais le brahmine dit très vite : « Oh ! mais, ce n'est que le deuxième, frère tigre, et tu m'en as accordé cinq ! » Le tigre grommela beaucoup, mais consentit à aller un peu plus loin.
Le tigre fit un bond, mais le brahmine dit très vite : « Oh ! mais, ce n'est que le deuxième, frère tigre, et tu m'en as accordé cinq ! » Le tigre grommela beaucoup, mais consentit à aller un peu plus loin.
Bientôt, ils virent un aigle planant au-dessus de leurs têtes, et le brahmine l'implora : « Oh ! frère aigle, frère aigle ! Dis-nous s'il te semble juste que ce tigre veuille me manger, après que je l'ai délivré d'une terrible cage ? » L'aigle continua à planer lentement pendant quelques instants, puis il descendit et parla d'une voix claire : « Je vis dans les nuages, et je ne fais aucun mal aux hommes. Cependant, toutes les fois qu'ils peuvent trouver mon aire, ils tuent mes enfants et me lancent des flèches. Les hommes sont une race cruelle. Que le tigre mange le brahmine. » Le tigre sauta de nouveau, et le brahmine eut bien de la peine à le persuader d'attendre encore. Il y consentit pourtant et ils continuèrent leur chemin.
Un peu plus loin, ils virent un vieux crocodile, à demi enterré dans la vase, près de la rivière. « Frère crocodile, frère crocodile, dit le brahmine, est-ce que vraiment il te semble juste que ce tigre veuille me manger, alors que je l'ai délivré de sa cage ? » Le vieux crocodile se retourna dans la vase, et grogna, et souffla, après quoi, il dit, de sa voix éraillée : « Je reste tout le jour couché dans la vase, aussi innocent qu'une colombe. Je ne chasse pas les hommes, et pourtant, toutes les fois qu'un homme me voit, il me jette des pierres et me pique avec des bâtons pointus, en m'insultant. Les hommes ne valent rien. Que le tigre mange le brahmine.
— En voilà assez, dit le tigre, tu vois bien qu'ils sont tous du même avis. Allons !
— Mais il en manque un, frère tigre, dit le pauvre brahmine, plus qu'un, le cinquième ! Le tigre finit par consentir, bien malgré lui.
— En voilà assez, dit le tigre, tu vois bien qu'ils sont tous du même avis. Allons !
— Mais il en manque un, frère tigre, dit le pauvre brahmine, plus qu'un, le cinquième ! Le tigre finit par consentir, bien malgré lui.
Bientôt ils rencontrèrent un petit chacal, trottant gaiement sur la route. « Oh ! frère chacal, frère chacal, dit le brahmine, dis-nous ce que tu penses ! Est-ce que vraiment tu trouves juste que ce tigre veuille me manger, après que je l'ai délivré de sa cage ?
— Plaît-il ? demanda le petit chacal.
— Je dis, répéta le brahmine en élevant la voix, crois-tu qu'il soit juste que ce tigre me mange, quand c'est moi qui l'ai fait sortir de sa cage ?
— Cage ? répéta le petit chacal d'un ton distrait.
— Oui, oui, sa cage, dit le brahmine. Nous voulons connaître ton avis. Penses-tu…
— Oh ! dit le petit chacal. Vous voulez avoir mon avis ? Alors, je vous prierai de parler bien distinctement, car je suis quelquefois assez lent à comprendre. De quoi s'agit-il ?
— Penses-tu, dit le brahmine, qu'il soit juste que ce tigre veuille me manger, quand c'est moi qui l'ai fait sortir de sa cage ?
— Quelle cage ? demanda le petit chacal.
— Celle où il était, dit le brahmine. Tu vois bien…
— Mais je ne comprends pas bien, interrompit le petit chacal. Tu dis que tu l'as délivré ?
— Oui, oui, oui, dit le brahmine. C'est arrivé comme ça : je marchais le long de la route, et je vis le tigre…
— Oh ! ma tête ! dit le petit chacal. Je ne pourrai jamais rien comprendre, si tu commences une si longue histoire. Il faut parler plus clairement. Quelle sorte de cage ?
— Une grande cage ordinaire, dit le brahmine, une cage en bambou.
— Ça ne me dit rien du tout, fit le petit chacal. Vous feriez mieux de me montrer la chose, alors, je comprendrai tout de suite. » Ils rebroussèrent chemin et arrivèrent à l'endroit où se trouvait la cage.
— Plaît-il ? demanda le petit chacal.
— Je dis, répéta le brahmine en élevant la voix, crois-tu qu'il soit juste que ce tigre me mange, quand c'est moi qui l'ai fait sortir de sa cage ?
— Cage ? répéta le petit chacal d'un ton distrait.
— Oui, oui, sa cage, dit le brahmine. Nous voulons connaître ton avis. Penses-tu…
— Oh ! dit le petit chacal. Vous voulez avoir mon avis ? Alors, je vous prierai de parler bien distinctement, car je suis quelquefois assez lent à comprendre. De quoi s'agit-il ?
— Penses-tu, dit le brahmine, qu'il soit juste que ce tigre veuille me manger, quand c'est moi qui l'ai fait sortir de sa cage ?
— Quelle cage ? demanda le petit chacal.
— Celle où il était, dit le brahmine. Tu vois bien…
— Mais je ne comprends pas bien, interrompit le petit chacal. Tu dis que tu l'as délivré ?
— Oui, oui, oui, dit le brahmine. C'est arrivé comme ça : je marchais le long de la route, et je vis le tigre…
— Oh ! ma tête ! dit le petit chacal. Je ne pourrai jamais rien comprendre, si tu commences une si longue histoire. Il faut parler plus clairement. Quelle sorte de cage ?
— Une grande cage ordinaire, dit le brahmine, une cage en bambou.
— Ça ne me dit rien du tout, fit le petit chacal. Vous feriez mieux de me montrer la chose, alors, je comprendrai tout de suite. » Ils rebroussèrent chemin et arrivèrent à l'endroit où se trouvait la cage.
« À présent, voyons un peu, dit le petit chacal. Frère brahmine, où étais-tu placé ?
— Juste ici, sur la route, dit le brahmine.
— Tigre, où étais-tu ? dit le petit chacal.
— Eh bien ! dans la cage, naturellement, dit le tigre, qui commençait à s'impatienter, et qui avait bien envie de les manger tous les deux.
— Oh ! je vous demande pardon, monseigneur, dit le petit chacal. Je suis vraiment bien peu intelligent. Je ne peux pas me rendre compte. Si vous vouliez bien… Comment étiez-vous dans cette cage ? Dans quelle position ?
— Idiot ! Comme cela ! dit le tigre, en sautant dans la cage ; là, dans ce coin, avec la tête tournée de côté.
— Oh ! merci, merci, dit le petit chacal. Je commence à y voir clair, mais, il y a encore une chose, pourquoi y restiez-vous ?
— Ne peux-tu pas comprendre que la porte était fermée ? hurla le tigre.
— Ah ! la porte était fermée ? Je ne comprends pas très bien. La… porte… était… fermée ?… Comment était-elle fermée ?
— Comme cela, dit le brahmine en poussant la porte.
— Ah ! comme cela ? Très bien, dit le petit chacal. Mais, je ne vois pas de serrure. Ce n'est pas très solide. Pourquoi le tigre ne pouvait-il pas sortir ?
— Parce qu'il y a un verrou, dit le brahmine en poussant le verrou.
— Ah ! il y a un verrou ? dit le petit chacal. Vraiment ? Il y a un verrou ? Eh bien ! Mon bon ami, dit-il au brahmine, maintenant que le verrou est poussé, je vous conseille de le laisser comme il est. Et pour vous, monseigneur, continua-t-il en s'adressant au tigre, plein de fureur, je crois qu'il se passera un certain temps avant que vous ne trouviez quelqu'un d'autre pour vous ouvrir. »
Et, se tournant vers le brahmine, il lui fit un profond salut.
« Adieu, frère, dit-il. Votre chemin va par ici, et le mien va par là. Bonne journée ! »
— Juste ici, sur la route, dit le brahmine.
— Tigre, où étais-tu ? dit le petit chacal.
— Eh bien ! dans la cage, naturellement, dit le tigre, qui commençait à s'impatienter, et qui avait bien envie de les manger tous les deux.
— Oh ! je vous demande pardon, monseigneur, dit le petit chacal. Je suis vraiment bien peu intelligent. Je ne peux pas me rendre compte. Si vous vouliez bien… Comment étiez-vous dans cette cage ? Dans quelle position ?
— Idiot ! Comme cela ! dit le tigre, en sautant dans la cage ; là, dans ce coin, avec la tête tournée de côté.
— Oh ! merci, merci, dit le petit chacal. Je commence à y voir clair, mais, il y a encore une chose, pourquoi y restiez-vous ?
— Ne peux-tu pas comprendre que la porte était fermée ? hurla le tigre.
— Ah ! la porte était fermée ? Je ne comprends pas très bien. La… porte… était… fermée ?… Comment était-elle fermée ?
— Comme cela, dit le brahmine en poussant la porte.
— Ah ! comme cela ? Très bien, dit le petit chacal. Mais, je ne vois pas de serrure. Ce n'est pas très solide. Pourquoi le tigre ne pouvait-il pas sortir ?
— Parce qu'il y a un verrou, dit le brahmine en poussant le verrou.
— Ah ! il y a un verrou ? dit le petit chacal. Vraiment ? Il y a un verrou ? Eh bien ! Mon bon ami, dit-il au brahmine, maintenant que le verrou est poussé, je vous conseille de le laisser comme il est. Et pour vous, monseigneur, continua-t-il en s'adressant au tigre, plein de fureur, je crois qu'il se passera un certain temps avant que vous ne trouviez quelqu'un d'autre pour vous ouvrir. »
Et, se tournant vers le brahmine, il lui fit un profond salut.
« Adieu, frère, dit-il. Votre chemin va par ici, et le mien va par là. Bonne journée ! »
Collectif, Contes d'Asie, ill. Marie de Mortillet, rue des enfants
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L'Inde
L'Inde
Dans la folie des villes
Les klaxons des voitures et des bus bondés, les moteurs pétaradants des mobylettes et des rickshaws (moto-taxis), les cris des vendeurs : les grandes villes indiennes sont étourdissantes ! Dans la foule, on remarque la beauté des indiennes, drapées dans leurs saris (grands tissus) aux couleurs vives.
Les klaxons des voitures et des bus bondés, les moteurs pétaradants des mobylettes et des rickshaws (moto-taxis), les cris des vendeurs : les grandes villes indiennes sont étourdissantes ! Dans la foule, on remarque la beauté des indiennes, drapées dans leurs saris (grands tissus) aux couleurs vives.
Aux pays des rajahs
Au Rajasthan, les forteresses, les palais et les temples rappellent la grandeur des rajahs, anciens rois de la région. Chaque ville a sa couleur. Udaipur est blanche. Dans ses ruelles étroites et pentues, des singes sautent sur les toits. Blanche également, la petite ville de Pushkar attire chaque année une grande foire aux chameaux. Jodhpur est toute bleue : cette couleur est censée repousser les insectes. On surnomme Jaipur la « ville rose » : ses bâtiments ont été construits en pierre rose ou peints de la même couleur. Jaisalmer se cache au fin fond du désert. Sur les étendues de sable se dresse sa citadelle aux tons beige.
Au Rajasthan, les forteresses, les palais et les temples rappellent la grandeur des rajahs, anciens rois de la région. Chaque ville a sa couleur. Udaipur est blanche. Dans ses ruelles étroites et pentues, des singes sautent sur les toits. Blanche également, la petite ville de Pushkar attire chaque année une grande foire aux chameaux. Jodhpur est toute bleue : cette couleur est censée repousser les insectes. On surnomme Jaipur la « ville rose » : ses bâtiments ont été construits en pierre rose ou peints de la même couleur. Jaisalmer se cache au fin fond du désert. Sur les étendues de sable se dresse sa citadelle aux tons beige.
Au bord du Gange
Varanasi (ou Bénarès) s'étend au bord du Gange, le grand fleuve sacré de l'Inde. Cette vieille ville est la plus sainte du pays. D'immenses escaliers, les « ghats », descendent dans l'eau. Dès le lever du soleil, des milliers de personne arrivent de tout le pays. Elles viennent se baigner et boire cette eau sacrée. Elles y déposent ensuite des grains de riz, des pétales de fleurs ou des bananes pour les dieux. Puis elles prient en silence, dans la fumée des bougies et des bâtons d'encens. À leurs côtés, les vaches continuent leur petit bonhomme de chemin, dévorant les poubelles… ou les étalages des marchands ! Elles se promènent en liberté et les Indiens les laissent faire ce qu'elles veulent : pour eux, la vache est un animal sacré.
Varanasi (ou Bénarès) s'étend au bord du Gange, le grand fleuve sacré de l'Inde. Cette vieille ville est la plus sainte du pays. D'immenses escaliers, les « ghats », descendent dans l'eau. Dès le lever du soleil, des milliers de personne arrivent de tout le pays. Elles viennent se baigner et boire cette eau sacrée. Elles y déposent ensuite des grains de riz, des pétales de fleurs ou des bananes pour les dieux. Puis elles prient en silence, dans la fumée des bougies et des bâtons d'encens. À leurs côtés, les vaches continuent leur petit bonhomme de chemin, dévorant les poubelles… ou les étalages des marchands ! Elles se promènent en liberté et les Indiens les laissent faire ce qu'elles veulent : pour eux, la vache est un animal sacré.
Le jeu
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« Frère brahmine, frère brahmine, dit le tigre, ouvre la porte et laisse-moi sortir un peu pour aller boire. J'ai tellement soif, et il n'y a pas d'eau dans ma cage.
— Mais, frère tigre, dit le brahmine, si j'ouvre la porte, tu me sauteras dessus et tu me mangeras ?
— Que vas-tu penser là ? demanda le tigre. Jamais de la vie je ne ferais une chose pareille ! Fais-moi sortir juste une petite minute, pour chercher une goutte d'eau, frère brahmine ! »
Le brahmine ouvrit la porte de la cage et laissa sortir le tigre, mais, dès que celui-ci fut dehors, il sauta sur le brahmine pour le manger. « Frère tigre, dit le pauvre brahmine, tu m'as promis de ne pas me manger, ce que tu fais là n'est ni honnête ni juste !
— Au contraire, c'est tout à fait honnête et juste, dit le tigre, et quand bien même il en serait autrement, ça m'est égal. Je vais te manger. » Mais le brahmine supplia tellement le tigre que celui-ci finit par consentir à attendre jusqu'à ce qu'ils eussent consulté les cinq premières personnes qu'ils rencontreraient.
La première chose qu'ils virent sur le bord du chemin fut un grand figuier banian.
« Frère banian, dit le brahmine, est-il juste et honnête que le tigre veuille me manger après que je l'ai fait sortir de sa cage ? » Le figuier banian les regarda, et dit d'une voix lasse : « Pendant l'été, quand le soleil est brûlant, les hommes viennent s'abriter à mon ombre et se rafraîchissent avec mes fruits mais, quand le soir vient et qu'ils sont reposés, ils cassent mes branches et éparpillent mes feuilles. L'homme est une race ingrate. Que le tigre mange le brahmine. »
Le tigre sauta sur le brahmine, mais celui-ci cria : « Pas encore ! pas encore ! Nous n'en avons vu qu'un ! Il y en a encore quatre à consulter. »
« Frère banian, dit le brahmine, est-il juste et honnête que le tigre veuille me manger après que je l'ai fait sortir de sa cage ? » Le figuier banian les regarda, et dit d'une voix lasse : « Pendant l'été, quand le soleil est brûlant, les hommes viennent s'abriter à mon ombre et se rafraîchissent avec mes fruits mais, quand le soir vient et qu'ils sont reposés, ils cassent mes branches et éparpillent mes feuilles. L'homme est une race ingrate. Que le tigre mange le brahmine. »
Le tigre sauta sur le brahmine, mais celui-ci cria : « Pas encore ! pas encore ! Nous n'en avons vu qu'un ! Il y en a encore quatre à consulter. »
Un peu plus loin, ils virent un buffle couché en travers du chemin. Le brahmine s'arrêta et lui dit : « Frère buffle, oh ! frère buffle, est-ce qu'il te semble honnête et juste que ce tigre veuille me manger, quand je viens juste de le faire sortir de sa cage ? » Le buffle les regarda, et dit d'une voix basse et profonde : « Quand j'étais jeune et fort, mon maître me faisait travailler dur, et je le servais bien. Je portais de lourds fardeaux, et je traînais de grandes charrettes. Maintenant que je suis vieux et faible, il me laisse sans eau et sans nourriture pour que je meure sur le chemin. Les hommes sont ingrats. Que le tigre mange le brahmine. »
Le tigre fit un bond, mais le brahmine dit très vite : « Oh ! mais, ce n'est que le deuxième, frère tigre, et tu m'en as accordé cinq ! » Le tigre grommela beaucoup, mais consentit à aller un peu plus loin.
Le tigre fit un bond, mais le brahmine dit très vite : « Oh ! mais, ce n'est que le deuxième, frère tigre, et tu m'en as accordé cinq ! » Le tigre grommela beaucoup, mais consentit à aller un peu plus loin.
Bientôt, ils virent un aigle planant au-dessus de leurs têtes, et le brahmine l'implora : « Oh ! frère aigle, frère aigle ! Dis-nous s'il te semble juste que ce tigre veuille me manger, après que je l'ai délivré d'une terrible cage ? » L'aigle continua à planer lentement pendant quelques instants, puis il descendit et parla d'une voix claire : « Je vis dans les nuages, et je ne fais aucun mal aux hommes. Cependant, toutes les fois qu'ils peuvent trouver mon aire, ils tuent mes enfants et me lancent des flèches. Les hommes sont une race cruelle. Que le tigre mange le brahmine. » Le tigre sauta de nouveau, et le brahmine eut bien de la peine à le persuader d'attendre encore. Il y consentit pourtant et ils continuèrent leur chemin.
Un peu plus loin, ils virent un vieux crocodile, à demi enterré dans la vase, près de la rivière. « Frère crocodile, frère crocodile, dit le brahmine, est-ce que vraiment il te semble juste que ce tigre veuille me manger, alors que je l'ai délivré de sa cage ? » Le vieux crocodile se retourna dans la vase, et grogna, et souffla, après quoi, il dit, de sa voix éraillée : « Je reste tout le jour couché dans la vase, aussi innocent qu'une colombe. Je ne chasse pas les hommes, et pourtant, toutes les fois qu'un homme me voit, il me jette des pierres et me pique avec des bâtons pointus, en m'insultant. Les hommes ne valent rien. Que le tigre mange le brahmine.
— En voilà assez, dit le tigre, tu vois bien qu'ils sont tous du même avis. Allons !
— Mais il en manque un, frère tigre, dit le pauvre brahmine, plus qu'un, le cinquième ! Le tigre finit par consentir, bien malgré lui.
— En voilà assez, dit le tigre, tu vois bien qu'ils sont tous du même avis. Allons !
— Mais il en manque un, frère tigre, dit le pauvre brahmine, plus qu'un, le cinquième ! Le tigre finit par consentir, bien malgré lui.
Bientôt ils rencontrèrent un petit chacal, trottant gaiement sur la route. « Oh ! frère chacal, frère chacal, dit le brahmine, dis-nous ce que tu penses ! Est-ce que vraiment tu trouves juste que ce tigre veuille me manger, après que je l'ai délivré de sa cage ?
— Plaît-il ? demanda le petit chacal.
— Je dis, répéta le brahmine en élevant la voix, crois-tu qu'il soit juste que ce tigre me mange, quand c'est moi qui l'ai fait sortir de sa cage ?
— Cage ? répéta le petit chacal d'un ton distrait.
— Oui, oui, sa cage, dit le brahmine. Nous voulons connaître ton avis. Penses-tu…
— Oh ! dit le petit chacal. Vous voulez avoir mon avis ? Alors, je vous prierai de parler bien distinctement, car je suis quelquefois assez lent à comprendre. De quoi s'agit-il ?
— Penses-tu, dit le brahmine, qu'il soit juste que ce tigre veuille me manger, quand c'est moi qui l'ai fait sortir de sa cage ?
— Quelle cage ? demanda le petit chacal.
— Celle où il était, dit le brahmine. Tu vois bien…
— Mais je ne comprends pas bien, interrompit le petit chacal. Tu dis que tu l'as délivré ?
— Oui, oui, oui, dit le brahmine. C'est arrivé comme ça : je marchais le long de la route, et je vis le tigre…
— Oh ! ma tête ! dit le petit chacal. Je ne pourrai jamais rien comprendre, si tu commences une si longue histoire. Il faut parler plus clairement. Quelle sorte de cage ?
— Une grande cage ordinaire, dit le brahmine, une cage en bambou.
— Ça ne me dit rien du tout, fit le petit chacal. Vous feriez mieux de me montrer la chose, alors, je comprendrai tout de suite. » Ils rebroussèrent chemin et arrivèrent à l'endroit où se trouvait la cage.
— Plaît-il ? demanda le petit chacal.
— Je dis, répéta le brahmine en élevant la voix, crois-tu qu'il soit juste que ce tigre me mange, quand c'est moi qui l'ai fait sortir de sa cage ?
— Cage ? répéta le petit chacal d'un ton distrait.
— Oui, oui, sa cage, dit le brahmine. Nous voulons connaître ton avis. Penses-tu…
— Oh ! dit le petit chacal. Vous voulez avoir mon avis ? Alors, je vous prierai de parler bien distinctement, car je suis quelquefois assez lent à comprendre. De quoi s'agit-il ?
— Penses-tu, dit le brahmine, qu'il soit juste que ce tigre veuille me manger, quand c'est moi qui l'ai fait sortir de sa cage ?
— Quelle cage ? demanda le petit chacal.
— Celle où il était, dit le brahmine. Tu vois bien…
— Mais je ne comprends pas bien, interrompit le petit chacal. Tu dis que tu l'as délivré ?
— Oui, oui, oui, dit le brahmine. C'est arrivé comme ça : je marchais le long de la route, et je vis le tigre…
— Oh ! ma tête ! dit le petit chacal. Je ne pourrai jamais rien comprendre, si tu commences une si longue histoire. Il faut parler plus clairement. Quelle sorte de cage ?
— Une grande cage ordinaire, dit le brahmine, une cage en bambou.
— Ça ne me dit rien du tout, fit le petit chacal. Vous feriez mieux de me montrer la chose, alors, je comprendrai tout de suite. » Ils rebroussèrent chemin et arrivèrent à l'endroit où se trouvait la cage.
« À présent, voyons un peu, dit le petit chacal. Frère brahmine, où étais-tu placé ?
— Juste ici, sur la route, dit le brahmine.
— Tigre, où étais-tu ? dit le petit chacal.
— Eh bien ! dans la cage, naturellement, dit le tigre, qui commençait à s'impatienter, et qui avait bien envie de les manger tous les deux.
— Oh ! je vous demande pardon, monseigneur, dit le petit chacal. Je suis vraiment bien peu intelligent. Je ne peux pas me rendre compte. Si vous vouliez bien… Comment étiez-vous dans cette cage ? Dans quelle position ?
— Idiot ! Comme cela ! dit le tigre, en sautant dans la cage ; là, dans ce coin, avec la tête tournée de côté.
— Oh ! merci, merci, dit le petit chacal. Je commence à y voir clair, mais, il y a encore une chose, pourquoi y restiez-vous ?
— Ne peux-tu pas comprendre que la porte était fermée ? hurla le tigre.
— Ah ! la porte était fermée ? Je ne comprends pas très bien. La… porte… était… fermée ?… Comment était-elle fermée ?
— Comme cela, dit le brahmine en poussant la porte.
— Ah ! comme cela ? Très bien, dit le petit chacal. Mais, je ne vois pas de serrure. Ce n'est pas très solide. Pourquoi le tigre ne pouvait-il pas sortir ?
— Parce qu'il y a un verrou, dit le brahmine en poussant le verrou.
— Ah ! il y a un verrou ? dit le petit chacal. Vraiment ? Il y a un verrou ? Eh bien ! Mon bon ami, dit-il au brahmine, maintenant que le verrou est poussé, je vous conseille de le laisser comme il est. Et pour vous, monseigneur, continua-t-il en s'adressant au tigre, plein de fureur, je crois qu'il se passera un certain temps avant que vous ne trouviez quelqu'un d'autre pour vous ouvrir. »
Et, se tournant vers le brahmine, il lui fit un profond salut.
« Adieu, frère, dit-il. Votre chemin va par ici, et le mien va par là. Bonne journée ! »
— Juste ici, sur la route, dit le brahmine.
— Tigre, où étais-tu ? dit le petit chacal.
— Eh bien ! dans la cage, naturellement, dit le tigre, qui commençait à s'impatienter, et qui avait bien envie de les manger tous les deux.
— Oh ! je vous demande pardon, monseigneur, dit le petit chacal. Je suis vraiment bien peu intelligent. Je ne peux pas me rendre compte. Si vous vouliez bien… Comment étiez-vous dans cette cage ? Dans quelle position ?
— Idiot ! Comme cela ! dit le tigre, en sautant dans la cage ; là, dans ce coin, avec la tête tournée de côté.
— Oh ! merci, merci, dit le petit chacal. Je commence à y voir clair, mais, il y a encore une chose, pourquoi y restiez-vous ?
— Ne peux-tu pas comprendre que la porte était fermée ? hurla le tigre.
— Ah ! la porte était fermée ? Je ne comprends pas très bien. La… porte… était… fermée ?… Comment était-elle fermée ?
— Comme cela, dit le brahmine en poussant la porte.
— Ah ! comme cela ? Très bien, dit le petit chacal. Mais, je ne vois pas de serrure. Ce n'est pas très solide. Pourquoi le tigre ne pouvait-il pas sortir ?
— Parce qu'il y a un verrou, dit le brahmine en poussant le verrou.
— Ah ! il y a un verrou ? dit le petit chacal. Vraiment ? Il y a un verrou ? Eh bien ! Mon bon ami, dit-il au brahmine, maintenant que le verrou est poussé, je vous conseille de le laisser comme il est. Et pour vous, monseigneur, continua-t-il en s'adressant au tigre, plein de fureur, je crois qu'il se passera un certain temps avant que vous ne trouviez quelqu'un d'autre pour vous ouvrir. »
Et, se tournant vers le brahmine, il lui fit un profond salut.
« Adieu, frère, dit-il. Votre chemin va par ici, et le mien va par là. Bonne journée ! »