La belle jeune fille fit semblant de travailler. Tantôt elle faisait un peu de bruit en remuant quelques objets, tantôt elle donnait de petits coups de balai, mais elle passait le plus clair de son temps devant la glace à s'admirer. La poussière s'accumula bientôt dans tous les coins de la maisonnette et le linge fut raccommodé très grossièrement. Néanmoins, tous les jours, la jeune fille mangeait à volonté et elle recevait également une pièce d'or, qu'elle rangeait dans son coffret. Ainsi, une année passa.
« Ton service chez moi touche à sa fin, dit un jour la sorcière. À présent, tu peux rentrer chez toi.
— Oh non ! objecta la jeune fille. Je ne veux rentrer qu'avec un nouveau visage !
— C'est ce que tu veux ? Entre donc dans la maison et touche le miroir », répondit la sorcière.
La jeune fille se dépêcha de rentrer, tendit la main, et le miroir s'ouvrit comme une porte. Derrière lui, il y avait une autre pièce où d'innombrables visages étaient accrochés aux murs. « Ferme les yeux et ne les ouvre pas avant que je ne te le dise », ordonna la sorcière. Puis elle prit la tête de la jeune fille dans ses mains, ôta son joli visage et le suspendit au mur. Elle posa ensuite sur la tête de la jeune fille le visage de sa sœur cadette.
Puis elle lui tendit son petit coffret, après y avoir jeté de la poussière ramassée dans un coin de la pièce et avoir dit : « Double est ma face, que double soit ton contenu ! » Elle conduisit ensuite la jeune fille devant la maison et lui dit : « Tu peux ouvrir les yeux à présent et rentrer chez toi. »