Le jeune homme ne pouvait en croire ses yeux. Il y en avait tant ! Jamais il n'avait imaginé que les fleurs puissent être aussi belles ! Dans l'air, un délicieux parfum flottait, et les rayons du soleil jouaient sur le sol multicolore. C'était comme si des milliers et des milliers d'arcs-en-ciel dansaient. La joie du jeune homme fut si grande qu'il se mit à pleurer. La voix lui dit de cueillir les fleurs qu'il préférait. Il s'exécuta et en récolta de toutes les couleurs. Quand il en eut les bras chargés, les mains invisibles le reconduisirent doucement au sommet de la montagne.
Alors, la voix lui dit : « Rapporte ces fleurs dans ton pays. Désormais, grâce à ta foi et à ton courage, ton pays ne sera plus jamais sans fleurs. Il y en aura pour toutes les régions. Les vents du nord, de l'est, du sud et de l'ouest leur apporteront la pluie qui sera leur nourriture, et les abeilles vous donneront le miel qu'elles cherchent dans les fleurs. »
Le jeune homme remercia et commença aussitôt la descente de la montagne qui, malgré la quantité de fleurs qu'il portait, lui parut bien plus facile que la montée.
Quand il revint dans son pays, les habitants, en apercevant les fleurs et en respirant leur parfum, ne voulurent pas croire à leur bonheur. Puis, lorsqu'ils surent qu'ils ne rêvaient pas, ils dirent :
« Ah, nous savions bien que les fleurs existaient et que ce n'étaient pas des histoires inventées par nos ancêtres ! »
Leur pays redevint un grand jardin. Sur les collines, dans les vallées, près des rivières, des lacs et de la mer, dans les bois, dans les champs et dans toutes les prairies, les fleurs crûrent et se multiplièrent. Tantôt c'était le vent du nord qui amenait la pluie, tantôt le vent du sud, de l'est ou de l'ouest. Les oiseaux revinrent, ainsi que les papillons et tous les insectes, surtout les abeilles.
Désormais, les gens purent manger du miel, et la joie revint sur la terre. Quand les hommes virent leur pays transformé grâce au jeune homme qui avait osé ce que personne n'avait cru possible, ils lui demandèrent d'être leur roi. II accepta et devint un roi bon, courageux et intelligent. « Rappelons-nous, disait-il, que c'est la méchanceté des hommes qui a entraîné la disparition des fleurs de notre pays. »
Et comme personne ne voulait recommencer à habiter un désert et à être privé de miel, chacun s'efforça désormais d'être aussi bon que possible pour ne plus jamais fâcher le grand sorcier.